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AAH : voici ce qu’il faut savoir sur la déconjugalisation

Depuis le 1er octobre 2023, la France a franchi une étape décisive vers l'autonomie financière des personnes handicapées avec la mise en œuvre de la déconjugalisation de l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH). Cette réforme tant attendue marque la fin de la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'AAH, un changement de cap qui souligne un engagement sociétal pour l'équité. Voici les détails de cette réforme et en quoi elle est si importante pour les personnes en situation de handicap.

Illustration : "AAH : voici ce qu’il faut savoir sur la déconjugalisation"

Une meilleure version de l’AAH

Avant la réforme, l'Allocation aux Adultes Handicapés était sujette à une évaluation des ressources du foyer, incluant donc les revenus du conjoint du bénéficiaire. Cette méthode de calcul pouvait réduire, voire annuler, le droit à l'AAH pour les personnes en couple, en fonction des revenus du partenaire. Le montant maximal de l'AAH pour une personne seule était de 903,60 € par mois en 2023, mais pouvait être considérablement diminué en présence de revenus conjoints.

Avec la déconjugalisation effective depuis octobre 2023, les règles du jeu ont changé. Seules les ressources personnelles du bénéficiaire handicapé sont évaluées pour déterminer le montant de l'allocation.

De plus, cette réforme introduit également un abattement forfaitaire de 5 000 € sur les revenus du conjoint, avec un abattement supplémentaire de 1 100 € pour chaque enfant à charge.

Ainsi, même si les revenus du conjoint ne sont plus pris en compte pour le calcul de l'AAH, cet abattement s'applique dans le cas où le couple bénéficie d'autres aides sociales qui, elles, prennent en compte les revenus du foyer.

Une reconnaissance accrue des personnes handicapées

La déconjugalisation de l'AAH marque une avancée significative dans le respect et la reconnaissance des personnes handicapées. Avant cette réforme, la dépendance économique imposée par l'ancien système pouvait être source de sentiment d'infériorité et d'humiliation pour les personnes en situation de handicap, puisque les ressources du conjoint pouvaient annuler l’AAH.

Ainsi, la décongalisation renforce l'idée que les personnes handicapées sont des citoyens à part entière, avec des droits et des besoins spécifiques qui méritent d'être respectés et pris en compte de manière autonome. En outre, cette reconnaissance permet de lutter contre une forme de stigmatisation sociale où le handicap était indirectement perçu comme un fardeau pour le conjoint non handicapé. Il devait en effet subvenir à toutes les dépenses.

Augmentation de l’AAH : une revalorisation à nuancer

L'augmentation prochaine de l'AAH, dépassant la barre symbolique des 1 000 €, est une hausse notable et bienvenue. Prévue pour avril 2024, cette hausse historique portera l'AAH à environ 1016 € pour une personne seule à taux plein. Cette revalorisation, bien que significative, nécessite cependant une réflexion plus approfondie lorsqu'on la met en perspective.

En effet, malgré cette augmentation, le montant de l'AAH restera en dessous du seuil de pauvreté, fixé à environ 60% du revenu médian national, qui se situe aux alentours de 1 063 € par mois pour une personne seule. Ce constat souligne une réalité économique où les personnes handicapées sont encore susceptibles de faire face à des difficultés financières malgré les aides de l'État.

Un autre aspect important est l'adéquation des montants de l'AAH avec les coûts réels liés au handicap. Les dépenses non couvertes, comme les soins spécifiques, les aménagements du logement, ou les aides techniques, peuvent affecter significativement le budget des personnes handicapées.

Au-delà des montants et des calculs, un aspect souvent sous-estimé de l'AAH concerne l'accès aux droits et la simplification des démarches administratives. Pour beaucoup de bénéficiaires, le parcours pour obtenir et conserver l'AAH reste frustrant et difficile.