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Alimentation : voici ceux qui profitent de l’inflation d’après 60 millions de consommateurs

La hausse des prix de l’alimentaire a été particulièrement élevée ces derniers mois, avec une augmentation spectaculaire des produits les plus simples, tels que les pâtes, le beurre, le lait et le sucre. Ces changements s’expliquent en partie avec les conflits armés actuels et la crise de l’énergie, qui rend tout plus cher à produire. Si les ménages se serrent la ceinture, en est-il de même pour tout le monde ? Apparemment pas d’après le magazine 60 millions de consommateurs : mais qui profite de la crise pour ne pas faire d’effort et gonfler ses marges ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Illustration : "Alimentation : voici ceux qui profitent de l’inflation d’après 60 millions de consommateurs"

Coup dur pour les industriels

« Face à la crise, quand vous devez vous serrer la ceinture, on serre nos marges », si vous avez déjà entendu des slogans de ce style, vous savez que l’industrie et la grande distribution communiquent sur les sacrifices et efforts qu’ils mettent en place pour protéger le consommateur. C’est en effet le cas sur certains produits célèbres dont la marge est en moyenne plus faible que le reste : Nutella, Coca-Cola, Carte Noire… Cependant, pour compenser, d’autres produits bénéficient d’une marge bien plus élevée, entre 20 et 50 %. C’est comme cela que des enseignes telles qu’Aldi et Lidl parviennent à générer du chiffre malgré leurs petits prix. Il s’agit de tarifs réduits sur une partie des produits seulement, et pas un effort généralisé face à l’inflation.

De plus, les distributeurs ont l’obligation de générer une marge brute minimum à la fin de l’année : 25 à 30 % pour aboutir à un bénéfice net de 2 à 3 %. Il y a donc une limite aux efforts qu’ils peuvent fournir, puisqu’ils doivent suivre malgré tout atteindre cet objectif. L’industrie agro-alimentaire, de son côté, a subi des pertes de bénéfices qui contribuent à réduire la hausse des prix pour le consommateur de 1,3 %. C’est globalement le seul acteur qui a sérieusement encaissé la crise au profit des ménages.

Quand la finance remplace le commerce

Le constat le plus inquiétant dressé par le magazine est que de multiples pratiques douteuses sont à l'œuvre pour participer à l’augmentation des prix ou spéculer sur l’inflation. La chaîne de magasins Leclerc a déploré plusieurs pratiques déloyales, telles que des étiquettes gonflées artificiellement par les distributeurs, tout simplement parce qu’avec le contexte de crise, les Français s’attendent à tout payer plus cher, donc autant ne pas se priver et augmenter la marge sur les produits qui arrangent…

Néanmoins, les fournisseurs ont également leur croix à porter, parce que de nombreuses hausses de prix sont basées sur des anticipations et des spéculations. Ainsi, certains produits ne sont pas facturés pour ce qu’ils coûtent au moment de les créer, mais plutôt en fonction des prix du marché, ou de la variation à une date choisie, alors qu’en réalité, certains contrats sont basés sur le long terme, ce qui est censé lisser la courbe tarifaire.

Les plus grands profiteurs de la crise sont, sans surprise, les multinationales du négoce. Des personnes qui ne fabriquent pas de valeur par elle-même, parce qu’elles ne sont ni des agriculteurs, ni des distributeurs, mais parce qu’elles achètent et revendent les produits financiers liés aux matières premières pour dégager des bénéfices. Ils contrôlent les raffineries, mines et plantations, et utilisent la volatilité des prix pour investir, spéculer et négocier. Cela fait qu’actuellement, il y a plus d’acteurs financiers impliqués que d’acteurs commerciaux. C’est comme cela que Cargill, spécialiste du négoce de matières premières, a généré 6,7 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre 2022.