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Assurance chômage : la feuille de route du gouvernement fait polémique

Les nouvelles règles de l’assurance chômage sont actuellement en cours de négociation. Récemment, le gouvernement a présenté sa feuille de route, aussi appelée « lettre de cadrage » sur les nouvelles règles de l’assurance chômage. Les syndicats et le patronat ont jusqu’au 15 novembre pour s’accorder sur les prescriptions de ce document. Le dossier est complexe, d’autant plus que l’enjeu est de taille : l’issue de cet échange va déterminer les nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs appliquées à partir de 2024. Voici ce qu’il faut savoir sur ce sujet déjà controversé.

Illustration : "Assurance chômage : la feuille de route du gouvernement fait polémique"

Prêt à tout au nom du plein emploi

Le « plein emploi » désigne une période économique durant laquelle le taux de chômage est extrêmement bas. Ce concept est souvent considéré comme un objectif économique et social important, car il permet de maximiser les ressources humaines disponibles du pays tout en contribuant à réduire les inégalités sociales. C’est un objectif particulièrement ambitieux, surtout à notre époque actuelle où les instabilités sont nombreuses et où les évolutions technologiques transforment régulièrement le marché du travail.

Pour l’Etat, il serait envisageable de tendre vers ce plein emploi d’ici 2027. D’après les prévisions, le nombre de chômeurs devrait augmenter faiblement entre 2023 et 2024, avant de baisser à partir de 2025. Le projet semble déjà sur la bonne voie en raison de deux modifications, l’une datant de 2019 et l’autre de 2023. Elles ont fait couler beaucoup d’encre lors de leur sortie et sont impossibles à modifier pour la raison suivante : elles ont participé à réduire le taux de chômage de 7,1 % en tout depuis leur application. Le gouvernement laisse donc une marge de manœuvre restreinte au patronat et aux syndicats au nom de l’efficacité.

Des « acquis » sociaux qui pénalisent les chômeurs

Les deux règles immuables que l’Etat veut maintenir sont les suivantes : la première est un calcul de l’indemnisation chômage défavorable aux chômeurs car il se concentre sur les périodes d’activité récentes (12 derniers mois) au lieu de 24 mois autrefois. Cela laisse moins d’opportunités aux chômeurs pour bénéficier du chômage lié à une activité plus intéressante qu’une autre lors de son parcours. Un choix qui pénalise les demandeurs d’emploi qui alternent entre chômage et contrat court.

De plus, depuis le 1er février, la durée d’indemnisation a été réduite de 25 % et ne peut être revalorisée que lors d’une forte dégradation économique et sociale. En clair, ces acquis cherchent à presser l’action chez les demandeurs d’emploi : ces derniers doivent rapidement revenir sur le marché du travail au risque de perdre leurs allocations. Ce nouveau contexte, s’il est critiqué, semble pourtant avoir porté ses fruits, d’où la volonté du gouvernement de le maintenir tel quel.

Une nouvelle stratégie de financement

Le gouvernement prévoit de puiser dans les recettes de l'Unédic pour financer la politique en faveur du développement des compétences et de l'emploi, ce qui inquiète certains syndicats. En effet, ils craignent que ce système n’entraîne une diminution des droits des allocataires indemnisés ainsi qu’un désengagement de l'État. Le but affiché n’est cependant que de désendetter le régime de l’assurance chômage, avec une division par 2 de la dette prévue d’ici fin 2026.

Pour cela, il faudrait augmenter le pourcentage de contribution de l’Unédic envers Pôle Emploi (bientôt changé en France Travail). Pour le moment élevé à 11 %, il atteindrait 12 à 13 % en 2026. De plus, 2 milliards d’euros seront prélevés chaque année sur les recettes de l’Unédic pour financer la politique dédiée au développement des compétences et de l’emploi. Un projet qui veut créer 1 millions d’apprentis en 2027.