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CAF : un algorithme pour détecter automatiquement la fraude chez les allocataires fait polémique

La CAF (caisse d’allocations familiales) est en ce moment la cible de critiques. La raison ? L’usage d’algorithmes pour détecter les allocataires « à risque ». Cette déshumanisation des procédures inquiète en interne. Certaines associations reprochent également l’évolution de cet organisme. Voici les détails.

Illustration : "CAF : un algorithme pour détecter automatiquement la fraude chez les allocataires fait polémique"

Comment fonctionne cet algorithme ?

La CAF fait désormais usage de statistiques prédictives pour identifier si un dossier d’allocataire contient des erreurs ou des fraudes. Ceci permet à l’algorithme de créer des profils de fraudeurs présumés. Chaque allocataire reçoit une note comprise entre 0 et 1. Plus celle-ci est proche de 1, plus le risque de se faire contrôler est grand.

Néanmoins, d’après la CAF, cette fameuse note n’aurait été qu’à l’origine de 6 % des contrôles initiés. Ce score joue tout de même un rôle négatif et dévalorisant vis-à-vis des allocataires, lesquels sont considérés par défaut comme des fraudeurs potentiels. Ce dispositif semble d’autant plus démesuré que le taux de fraude est actuellement de 0,39 %. Cela représente environ 309 millions d’euros. En comparaison, la fraude fiscale coûte environ 80 milliards d’euros à l’État.

Un calcul qui menace les foyers précaires

L’algorithme réunit différents critères pour fixer sa note. Parmi eux, les informations sur l’allocataire mais également sur son entourage comme par exemple sa famille. Cependant, plus une personne est précaire, plus elle peut être considérée comme risquée par l’algorithme. Un comble quand l’objectif de la CAF est justement de venir en aide aux personnes en difficulté.

De même, les erreurs de saisie contribuent à l’aggravation de la note, alors qu’il est facile d’en commettre lors de la déclaration des ressources trimestrielles. Selon le profil de l’allocataire, de nombreuses aides peuvent se cumuler et toutes doivent être déclarées, ce qui multiplie les chances de se tromper, d’autant plus que tout le monde n’est pas à l’aise avec l’outil informatique. Or, la déclaration en ligne est devenue maintenant centrale pour bénéficier de ses droits.

Un algorithme encore imparfait

En cas d’erreur de la part de l’algorithme, la perte de droits peut survenir rapidement. En revanche, il faut longuement se justifier pour tenter de les récupérer, ce qui peut rendre la situation intenable pour les ménages les plus en difficulté.

Si l’État veut se donner les moyens de combattre les fraudes, l’efficacité de ses systèmes actuels reste encore perfectible. Malheureusement, le secret maintenu autour de l’algorithme de la CAF empêche de connaître son niveau de pertinence dans la détection des fraudes.