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Carrefour : l'enseigne retire des marques connues de ses magasins, voici pourquoi

Pepsi, Lay’s, Lipton, Doritos, Bénénuts… Vous ne pourrez plus trouver ces marques parmi les rayons des magasins Carrefour, et ce n’est pas dû à une erreur d’approvisionnement, mais à un choix délibéré. En effet, ce retrait est le résultat de tensions entre distributeurs et fournisseurs dans un contexte d’inflation. Voici tous les détails sur cette affaire.

Illustration : "Carrefour : l'enseigne retire des marques connues de ses magasins, voici pourquoi"

La colère d’un grand distributeur français

Début janvier 2024, Carrefour a pris une décision radicale : retirer de ses rayons les produits du géant agroalimentaire américain PepsiCo. Ce conflit s'inscrit dans une série de désaccords commerciaux liés aux hausses de prix.

En effet, Carrefour a déclaré que les augmentations proposées par PepsiCo étaient « inacceptables », menant à la décision de ne plus vendre les produits de ce dernier dans ses magasins. Parmi les produits concernés figurent des marques bien connues :

  • Pepsi (boisson gazeuse)
  • 7up (boisson gazeuse au citron)
  • Lipton (thé glacé)
  • Lay's (chips)
  • Bénénuts (cacahuètes)
  • Doritos (nachos)
  • Alvalle (soupe fraîche aux légumes)

Carrefour a fait ce choix pour maintenir des prix abordables pour les consommateurs, dans un contexte où le pouvoir d’achat des Français est plus menacé que jamais.

Le désaccord entre distributeurs et fournisseurs

Les distributeurs français sont particulièrement sensibles aux variations de prix, notamment en raison de la réglementation stricte du secteur. En France, la loi exige que les supermarchés négocient les prix avec les producteurs alimentaires une fois par an, dans le but de protéger l'industrie agricole locale.

Cependant, cette approche a grandement augmenté les prix lors des dernières négociations, ce qui a affecté les ventes des supermarchés. En conséquence, ces derniers ont souhaité appliquer des réductions de prix lors des nouvelles négociations lancées en 2024.

En raison des désaccords en cours, les distributeurs peuvent retirer les produits des fournisseurs comme moyen de pression. C’est ce qu’a décidé de faire Carrefour face au refus de PepsiCo de réduire ses prix.

Les réactions des autres distributeurs

Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique d'E.Leclerc, a exprimé sur Franceinfo être « tenté » d'adopter une stratégie similaire de boycott face aux hausses de prix des agro-industriels. Ces derniers demandent des hausses de prix de 6% à 10% en moyenne, avec parfois des demandes allant jusqu'à 20%.

De même, Dominique Schelcher, patron de Système U, a partagé des préoccupations similaires en critiquant l'attitude de certains industriels et en mentionnant des accords réussis avec d'autres fournisseurs comme Yoplait et Entremont.

Cette situation survient dans un contexte économique marqué par l’inflation persistante. Selon l'Insee, l'inflation alimentaire a légèrement ralenti en décembre, passant à +7,1% sur un an, bien que les prix des produits frais aient augmenté davantage. En printemps 2023, le pic enregistré était de +16%.

Un contexte de négociation difficile

Dans le but de contrer l'inflation, le gouvernement et le Parlement français ont imposé une accélération des négociations. Elles déterminent les conditions de vente des produits en grandes surfaces et doivent désormais être conclues plus tôt dans l'année, ce qui a augmenté la pression sur les distributeurs et les fournisseurs.

L’autre problème lié à ce délai de négociation plus court est qu’il est difficile d’accorder les disponibilités entre distributeurs et fournisseurs. Ainsi, certaines négociations n’ont même pas pu commencer alors qu’une réponse doit être trouvée à la fin du mois.

La situation est difficile pour tout le monde, car le consommateur se retrouve pénalisé dans tous les cas, avec soit une hausse des prix, soit une perte des produits disponibles. Sur ce point, Michel-Edouard Leclerc a avoué que « les consommateurs ne veulent pas payer cher, mais s'ils n'ont pas leur produit, on les envoie chez le concurrent ».