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Chômage des seniors : le gouvernement veut changer leur durée d’indemnisation

Avec une hausse élevée du chômage au troisième trimestre 2023 et des projections alarmantes pour l'année à venir, le gouvernement envisage des mesures drastiques pour redéfinir la durée d'indemnisation des seniors. Ces propositions, qui visent à relever l'âge d'accès à une indemnisation plus longue ou à réduire la durée d'indemnisation, suscitent un vif débat entre les différents acteurs sociaux. Voici toute la lumière sur cette affaire.

Illustration : "Chômage des seniors : le gouvernement veut changer leur durée d’indemnisation"

Vers une harmonisation des indemnisations

Face à une augmentation du taux de chômage qui a atteint récemment les 7,4%, et des prévisions inquiétantes pour la fin de l'année, le gouvernement cherche des solutions pour inverser cette tendance. Pour cela, Olivier Dussopt, ministre du Travail, et Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, ont proposé des idées pour modifier la durée d’indemnisation chômage des seniors​.
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Actuellement, les règles d'indemnisation chômage varient selon l'âge : les chômeurs de moins de 53 ans bénéficient d'une indemnisation maximale de 18 mois, ceux entre 53 et 54 ans de 22,5 mois, et les plus de 55 ans de 27 mois.

Cependant, ces modalités sont désormais remises en question par le gouvernement, qui souhaite aligner ces durées sur celles des chômeurs plus jeunes, ou décaler l’âge d'accès à ces indemnités plus longues​.

Olivier Dussopt propose ainsi de relever de deux ans l'âge requis pour accéder à l’indemnisation longue, le faisant passer de 55 à 57 ans. Cette mesure veut s'aligner sur les récents changements dans l'âge de départ à la retraite et encourager l'emploi des seniors​.

Par contraste, Bruno Le Maire suggère de réduire la durée d'indemnisation pour les plus de 55 ans, afin de les aligner sur celles des autres chômeurs, arguant que maintenir des durées d'indemnisation différentes pour cette tranche d’âge constitue une « hypocrisie » et une incitation à prendre sa retraite plus tôt.

Les raisons derrière ces changements

Dussopt souligne que cette réforme n'est pas tant axée sur la durée d'indemnisation elle-même, mais plutôt sur la nécessité d’inciter les seniors à rester sur le marché du travail.

Le ministre a souligné l'importance d’ajouter à cette mesure un véritable effort en matière de formation, reconnaissant que la réinsertion des seniors dans le marché du travail exige souvent une adaptation à de nouveaux secteurs ou technologies.​

Pour sa part, la proposition de Bruno Le Maire a été vivement critiquée par les syndicats et certains acteurs sociaux. Ces derniers ont exprimé leurs préoccupations quant au fait que cette mesure pourrait pénaliser davantage les seniors qui ont déjà du mal à retrouver un emploi.

Une situation complexe pour les seniors

Statistiquement, le taux d'emploi des seniors en France est inférieur à la moyenne européenne. Ces derniers sont perçus comme coûtant plus cher que les travailleurs jeunes, tout en offrant une faible rentabilité à long terme pour les employeurs, ce qui les rend moins attractifs à l'embauche.

En outre, les seniors sont particulièrement touchés par le chômage de longue durée. Une proportion élevée d'entre eux reste sans emploi pendant un an ou plus, ce qui est nettement supérieur à la moyenne pour les autres groupes d'âge.

Les syndicats, notamment la CFTC et la CGT, ont été particulièrement critiques envers les propositions de Bruno Le Maire. Éric Courpotin de la CFTC a notamment souligné que le gouvernement avait déjà réduit de 25% les droits des seniors, et a fermement rejeté l'idée de les durcir davantage.

Régis Mezzasalma de la CGT, quant à lui, a plaidé pour des mesures incitatives à l'embauche et à la conservation des seniors dans les entreprises plutôt que pour des coupes dans les indemnités chômage​.