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RSA dès 18 ans : le projet de loi qui divise

Donner droit aux jeunes d’accéder au RSA dès 18 ans : c’est la proposition faite par Timothée Duverger, co-directeur de l’Observatoire de l’expérimentation et de l’innovation locales de la Fondation Jean-Jaurès. Selon lui, ce changement est nécessaire, notamment pour sortir les jeunes de la précarité. Si ce projet se base sur des chiffres pour prouver sa pertinence, il ne fait pas l’unanimité…

Illustration : "RSA dès 18 ans : le projet de loi qui divise"

RSA pour les jeunes : la France, un mauvais élève

L’accès au RSA pour les jeunes adultes n’est pas une proposition si anodine. En effet, dans l’Union Européenne, de nombreux pays permettent aux jeunes de bénéficier de revenus minimum dès leur majorité. Actuellement, 24 des 28 pays de l’Union appliquent ce principe. L’Espagne ne le permet qu’à partir de 23 ans, la France et le Luxembourg qu’à partir de 25 ans, et Chypre qu’à partir de 28 ans.

Pour le cas de la France, il y a cependant deux exceptions à la règle :

  • Les jeunes qui disposent de faibles revenus
  • Les jeunes qui ont travaillé deux ans entre leur 16 et leurs 18 ans

Ces exceptions ne concernent pas de nombreux cas à l’échelle du pays entier : 53 000 foyers pour les faibles revenus et 900 pour ceux qui ont travaillé. Pour l’heure, il y a 7 ans d’écart entre la majorité civile (18 ans) et la majorité sociale (25 ans), alors que les jeunes sont les plus touchés par la pauvreté monétaire.

Les raisons de cette demande

La situation sociale des jeunes se dégrade progressivement, ce qui fait de l’entrée dans la vie active une période difficile et précaire pour les 18-24 ans. Entre les crises économiques et énergétiques, plus les conséquences de la pandémie, le contexte est difficile. Le Covid a mis fin à de nombreux contrats de travail en plus d’être suivi par une inflation extrême. Sans travail ni aides sociales pour faire face à ces épreuves, les jeunes français ont du mal à s’intégrer dans le monde du travail.

Selon Thimotée Duverger, l’accès au RSA dès 18 ans permettrait de renforcer la confiance dans les institutions démocratiques et d’aider les jeunes à fonder leur autonomie et leur citoyenneté sociale. En 2020, 40 % des étudiants devaient travailler pendant leurs études pour rentrer dans leurs frais. Et c’est sans parler des 115 000 étudiants qui, la même année, avaient recours à l’aide alimentaire.

Une proposition contestée

Proposer le RSA dès 18 ans en France est une idée qui ne date pas d’hier. En 2018, deux propositions de loi allaient déjà dans ce sens. Elles ont cependant été rejetées. De plus, la gauche elle-même n’est pas spécialement favorable à cette mesure : l’ouverture de ce minimum aux moins de 25 ans demande des fonds pour rémunérer ce nouveau public, il n’est donc pas simple de valider le projet. Des contrôles seront également nécessaires pour ne pas favoriser l’injustice sociale, car le fait que des jeunes de familles aisées puissent toucher également ces aides est source de débats.

Gabriel Attal, de son côté, s’est exprimé sur la question en 2020, à l’époque où il était secrétaire d’État chargé de la jeunesse. Selon lui, donner droit au RSA dès 18 ans placerait les jeunes dans un « esprit de défaite » car « aucun jeune ne grandit avec les minima sociaux pour horizon ».

C’est une problématique importante liée à ce revenu minimum garanti : cette aide peut aider les jeunes à se lancer mais aussi les démotiver. Timothée Duverger estime pour sa part que d’après les études disponibles sur le sujet, ce RSA ne créerait pas de rupture dans les taux d’emploi.